Situé aux confins de la Haute-Loire et de l'Ardèche, le Massif du Mézenc est une frontière naturelle entre les hauts plateaux rigoureux du Velay et les reliefs méditerranéens tourmentés du Haut-Vivarais. De nombreuses espèces montagnardes peuvent y être observées de mi-avril à fin juillet, tant au niveau de la flore que de la faune.
Accès :
L'accès général au Mézenc est indiqué depuis Le Puy-en-Velay. Puis se rendre aux Estables et suivre les indications de la fiche.
CIRCUIT:
Des Estables, prendre la petite route montant vers la Croix de Peccata et Chaudeyrolles, entre des prairies séparées par de petits murets.
Se garer en 1 près de la maison forestière, 500m avant la croix. Sous la route, une petite butte rocheuse (Jacassy) abrite régulièrement le merle de roche, parfois visible posé sur les fils électriques !
De la maison forestière, un chemin part plein ouest vers les pistes de ski, en lisière de la pessière couvrant les flancs du Mont d'Alambre. En 2, sur les prairies ou les saignées des pistes, vous pourrez faire de belles observations de merle à plastron et peut-être les verrez-vous, début juin, nourrir leurs jeunes cachés à l'orée du bois. Outre les passereaux forestiers classiques, bec-croisé des sapins et venturon montagnard sont très présents dans la pessière. Les chercher aussi en 3, sur le chemin partant de la maison forestière plein est, direction Croix de Peccata.
D'avril à juin, au crépuscule, la croule de la bécasse des bois s'observe au niveau de la large piste qui part un peu avant la croix, à gauche : se placer en 4, dans une clairière du flanc de l'Alambre (Costebelle).
Dans ce secteur Alambre/Costebelle, tendez l'oreille pour repérer le Cassenoix moucheté, nouveau venu de l'avifaune du Mézenc ! D'hivernage régulier depuis quelques années, sa présence estivale permet d'espérer une implantation comme nicheur. Il fréquente la pessière d'Alambre, ainsi que les pins à crochet et arolles du parking de la Croix de Peccata (5) .
C'est depuis ce parking qu'on accède le plus rapidement au sommet du Mézenc (3/4 heure, montée moyenne), où attend un superbe panorama avec vue sur les Alpes (tables d'orientation). En été : pipits spioncelles nicheurs et possibilité d'observer quelques martinets à ventre blanc parmi les noirs, mais fréquentation humaine très importante… En fait, le sommet est surtout intéressant en hiver ! Lorsque la neige n'a pas tout recouvert, il n'est pas rare d'y rencontrer jusqu'à une vingtaine de niverolles alpines, peu farouches, se nourrissant sur la terre des chemins ou les pelouses rases. Le Mézenc est leur seul site d'hivernage régulier en Auvergne. En leur compagnie, vous noterez des accenteurs alpins, repérables à leurs cris d'alouettes, et aurez peut-être la chance d'observer le tichodrome échelette visitant les crêtes rocheuses.
REPRENDRE LA ROUTE DESCENDANT SUR CHAUDEYROLLES et se garer en 6, sur le parking des Dents du Diable, ou trois dents du Mézenc : le Chastelas et la Roche Pointue (falaise d'escalade) à gauche, la Grosse Roche à droite. Le faucon crécerelle, l'hirondelle de rocher et le grand corbeau affectionnent ces rochers, alors que le merle à plastron est bien présent dans ce milieu de lisières. La Grosse Roche est accessible par différents sentiers dans la callune : sur les flancs, de belles stations de tulipes sauvages et de lis martagon.
S'arrêter un peu plus loin en 7, près des burons de Jamont et Matagot et longer le ruisseau pour rejoindre la cascade. Sur ce nouveau site à merle de roche, vous pourrez aussi surprendre le cincle plongeur.
Au milieu des nombreux papillons existe une petite population d'Apollons (en très forte régression dans le Mézenc). On peut en outre noter la discrète vipère péliade et le lézard vivipare, reptiles des milieux humides d'altitude.
Dans le village de Chaudeyrolles (8), cherchez le moineau soulcie, nicheur ici à 1300m. En contrebas s'étalent les Narces, tourbière de maar (cratère d'explosion). Les longer au sud par le chemin non carrossable passant au Mas du Bourg et aux Faux, puis revenir par celui du centre. Cette tourbière recèle une flore remarquable, dont droséras et œillet superbe (seule station d'Auvergne). Le manque d'eau libre, peu favorable aux oiseaux d'eau, fait place belle aux pipits spioncelles, farlouses et tarier des prés, ces 2 derniers possédants à de belles populations. De même, 2 à 5 couples de busard cendré nichent en milieu naturel dans les roselières. Autres rapaces souvent visibles, les milans noir et royaux, ainsi que le circaète Jean-le-Blanc, qui vient chasser les amphibiens (triton alpestre, crapaud accoucheur, grenouille rousse…) et reptiles (couleuvre à collier et vipère aspic, en plus des 2 déjà notés à la cascade).
En 9, le clapier des Faux (éboulis de blocs de lave phonolitique), parfois occupé par le merle de roche, l'est aussi pas le renard roux, l'hermine et… la marmotte des Alpes ! Celle-ci, introduite en 1980 dans le massif, est désormais présente un peu partout autour du Mont Mézenc.
Texte : Bruno Gilard
Carte : Jean-Marie Frenoux
Photographies : Franck Chastagnol (Mezenc), Romain Riols (Cassenoix et Merle de roche)