La Margeride est célèbre pour ses tourbières qui abritent (commune de Grèzes et Chanaleille) une relicte glaciaire végétale, le Bouleau nain (Betula nana), minuscule bouleau dépassant rarement les 50 cm. En France, il n'est connu que sur un autre site du Jura et il faut ensuite monter dans le nord de l'Europe pour le retrouver ! D'autres belles tourbières sans Bouleau nain sont à découvrir sur l’ensemble des sources et les cours amont des différents ruisseaux : Pontajou, Seuge, Chèvre et Virlange en 43. Elles sont de ce fait vastes, mais morcelées et très étirées et correspondent aux zones non boisées du massif. Celui-ci a été largement planté en épicéas au début des années 50, après un abandon progressif du pastoralisme (local et estives) qui a également favorisé le Pin sylvestre. Les hêtres subsistent par endroit, permettant le maintien d'un petit noyau de Chouette de Tengmalm (La rechercher non loin du Villeret d’apchier : "Champ du Cros"/"Le Travers du Favin"/"Le Travers de la Saume" carte ci-dessous).
Les milieux tourbeux sont très variés : marais de transition, tourbières plates acidophiles, tourbières de pente, tourbières hautes à sphaignes avec gouilles et tremblants, prairies hygrophiles eutrophes, landes tourbeuses... Ils hébergent beaucoup d'autres plantes de grand intérêt : Saule des lapons, Saule rampant, Droséra à feuilles rondes, Laîche des bourbiers, Canneberge... Cette dernière permet la présence en bonne densité d'un papillon rare, le Nacré de la Canneberge. L'amateur de papillons sera d'ailleurs comblé en Margeride, avec nombre d'espèces intéressantes (Moiré des Luzules, Nacré porphyrin…) et des découvertes potentielles encore importantes !
Mieux connues, les libellules comptent une trentaine d'espèces, chiffre remarquable pour une zone située au-dessus de 1200 m d'altitude et compte tenu du peu de points d'eau libre (quelques petites retenues creusées pour la lutte contre l'incendie) ! On citera par ex. les importantes populations de Cordulies arctiques (gouilles) et d'Orthétrums bleuissants (sources), la Leucorrhine douteuse (retenues) ou encore l'Aeschne des joncs…
Bien qu'éloignées des accès routiers et des villages, ces tourbières ont subi pas mal de dégradations : drainage, captage des sources, reboisements mono spécifiques. Tout ceci a eu et continue d'avoir un impact négatif sur leur évolution naturelle. Des petits drains, insidieux, sont toujours creusés ou entretenus çà et là. Le boisement gagne du terrain et grignote les marges des trouées, réduisant petit à petit les superficies ouvertes et entraînant une augmentation de la pression de pâturage par les bovins. Et si, côté Lozère, un début de gestion conservatoire a été mis en place, rien de particulier n'a encore vu le jour en Haute-Loire…
Accès :
Par la D587/D987 Saugues/St-Alban-sur-Limagnole. A partir de Chanaleille une grande piste traverse sur 10km la zone, les tourbières occupent toutes les trouées qui coupent la piste, autour des sources et des ruisseaux.
Le Bouleau nain n'est pas visible depuis les chemins. Dans la tourbière centrale de "Rond du Crouzet", on le trouve au sud-ouest du méandre que fait la Seuge au coeur de la tourbière et dans les trouées qui la prolongent.
Itinéraire :
Boucle de 4,2 km (8,8 avec l’extension proposée) (une demi-journée à 6h), difficulté moyenne, 170m (260m) de dénivelé positif, bonnes chaussures et vêtements chauds recommandés. A faire de préférence de mai à juillet.
Le parcours est proposé pour rejoindre la tourbière centrale du rond du crouzet, avec une extension en direction du truc de la garde pour découvrir d’autres paysages et portions de tourbières.
Parcours :
Se garer sur la place devant la Mairie. Là, de nombreux oiseaux sont accessibles : Hirondelle rustique et de fenêtre, Bergeronnette grise et Rouge queue noir et le plus discret Rougequeue à front blanc peu habitué à ces altitudes !
Rejoindre l’Eglise pour emprunter le chemin s’élevant à travers les prairies, zones de chasse de rapaces : Circaète jean le Blanc, Milans noirs et royaux, Epervier d’Europe, Faucon crécerelle, Bondrée apivore.
Du village, aux murets de pierres longeant les près, en passant par les blocs de granite isolés, recherchez le Traquet motteux, alors que le Tarier des prés, le Bruant jaune, la Linotte mélodieuse, la Pie grièche écorcheur animent eux les prairies naturelles et leurs haies.
Grands Corbeaux, Bec croisé des sapins et Pipit des arbres sont à repérer avant de rentrer dans la forêt.
Le chemin grimpe dans les bois, s’est l’occasion d’être attentif aux Mésanges huppées et noires, au cri plaintif du Bouvreuil pivoine et aux arpenteurs de troncs : grimpereau des jardins et grimpereaux des bois.
En arrivant sur le plateau de la tourbière du Ronc du crouzet, possibilité de filer d’abord droit sur la piste pour traverser de nombreux autres paysages (retour par le même chemin).
Les tourbières sont le lieu de vie de nombreuses espèces végétales, de libellules mais aussi des lézards vivipares et du Pipit farlouse. Au crépuscule la Bécasse des bois et la Bécassine des marais peuvent se faire entendre (nidification possible de cette dernière).
Le long des pistes, à la lisière, ayez l’œil sur le Venturon montagnard, bien présent ici, les Grives draines et litornes.
Revenir en longeant la tourbière du ronc du crouzet et en redescendant la piste jusqu’à Chanaleille. Des barrières pour animaux barrent le chemin, merci de les laisser comme vous les avez trouvées.
Belles observations !
Bruno Gilard - Franck Chastagnol
Vous êtes ici
Tourbières et forêts de Margeride
Communes
Chanaleille
Département
Haute-Loire
Distance
4,2 km ( 8,8 avec l'extension proposée)
Durée
demi journée à 6h
Difficulté
Moyen