Lors des périodes de froid, les oiseaux peinent à trouver de la nourriture, notamment lorsque le sol est gelé ou recouvert de neige. Pour les aider à passer l’hiver, la LPO vous donne quelques conseils pour les nourrir.
Certains oiseaux se nourrissent exclusivement d’insectes. C’est le cas par exemple des hirondelles et des martinets, qui migrent alors en Afrique dès lors que l’automne arrive afin de continuer à trouver de la nourriture. D’autres espèces d’oiseaux ont un régime alimentaire plus varié, et se contentent alors l’hiver venu de graines et de fruits, comme le tarin des aulnes, le chardonneret élégant, les mésanges et fauvettes…
Nourrissage hivernal
Pour aider nos amis les oiseaux, les nourrir en hiver est un aide non négligeable pour leur survie.
A quel moment nourrir ?
Il ne faut pas se baser sur la date de l’hiver dans le calendrier mais sur la météo. La bonne période ? Dès lors que les gelées prolongées apparaissent.
En résumé, il faut nourrir quand :
- températures négatives
- couvert neigeux prolongé
- sol gelé
- nourriture inaccessible pendant plusieurs jours
Dans ces conditions, les oiseaux vont avoir des difficultés à accéder à de la ressource alimentaire, on peut alors les aider.
Que peut-on leur donner ?
Privilégier le local et le bio.
Diversifier la nourriture : plus on a de diversité plus on contente tout le monde. Les oiseaux ont des becs différents d’une espèce à l’autre et ne vont donc pas consommer la même chose. Chaque espèce d’oiseau possède des besoins spécifiques. Le mieux est de choisir des mélanges de graines, qui conviendront à de nombreuses espèces quelle que soit la taille de leur bec.
Pour remplir votre mangeoire, choisissez les aliments les mieux adaptés pour les oiseaux :
- les graines :
de préférence les graines de tournesol car elles sont locales et riche en lipides (bonne graisse) : non grillées, non salées, si possible non striées, les graines noires sont meilleures et plus riches en lipides.
les petites graines de millet ou d’avoine
mélanges de graines : le mélange optimal étant composé d’1/3 de tournesol noir, de cacahuètes et de maïs concassé ;
- des fruits secs : amande, noix, noisette, ce sont des aliments de saison et riche en graisse (non grillées et non salées).
- des cacahuètes : attention uniquement non grillées et non salées
- du maïs concassé
- des fruits décomposés (pomme, poire flétrie, raisin) : attirent les Merles, Grives et Etourneaux mais aussi les Pies
- du pain de graisse végétale simple ou du pain de graisse végétale mélangé avec des graines, fruits rouges ou insectes ;
Pains de graisses en magasin : vérifier la provenance de la graisse et la composition : éviter la graisse de palme et la graisse comportant des résidus de l’industrie agro-alimentaire.
Pain de graisse fait-maison : utilisez de la graisse d’origine végétale, bio et locale, de type margarine, végétaline, de manière à ce que ce soit plus digeste. Surtout pas de graisse à base de produits laitiers, les oiseaux ne peuvent pas digérer ce qui est à base de lactose.
Dans sa démarche écologique, la LPO vous conseille de choisir des graines de tournesol bio d’un producteur local et d’être attentif à la composition des boules de graisse (certaines sont faites à base de graisses animales, d’huile de palme…). De plus, ne choisissez que des boules de graisse sans filet, épargnant ainsi aux oiseaux le risque de se coincer les pattes.
Les aliments suivants sont à éviter absolument :
- aliments salés
- le pain, biscotte, gâteaux
- pâté pour chiens et chats
- les aliments à base de lactose : Ne donnez jamais de lait aux oiseaux : ils ne peuvent pas le digérer et celui-ci peut être responsable de troubles digestifs mortels.
Donner de l’eau
Même si on est en hiver et qu'il fait froid, il ne faut pas oublier de laisser un peu d'eau aux oiseaux pour qu'ils puissent s'abreuver mais aussi se laver et maintenir leur plumage propre afin de bien se protéger contre le froid. En effet, un plumage propre permet de conserver une bonne étanchéité et d'avoir une couche d'air entre leur corps et le plumage. Un plumage gras n’est plus étanche et à la moindre pluie ou au moindre courant d’air, cela va s’engouffrer entre les plumes et ils auront encore plus froid.
Eau à disposition tous les jours et à changer régulièrement. Ne mettez pas d’alcool ou de produits ajoutés. Changer l’eau le plus souvent possible est le meilleur moyen de ne pas les empoisonner.
Où placer la nourriture/mangeoire ?
Plusieurs types de mangeoires existent : que vous ayez un balcon, une terrasse ou un jardin, choisissez celle qui s’adaptera le mieux à votre emplacement. Il est important de placer la mangeoire en hauteur pour qu’elle ne soit pas accessible aux prédateurs. Si vous habitez en ville, faites en sorte que la mangeoire ne puisse pas être utilisée par les pigeons (pose d’un toit, petit orifice d’où sortent les graines…). En effet, nourrir les pigeons est interdit par la loi et vous risquez d’épuiser très rapidement votre stock de nourriture !
Caractéristiques à privilégier pour votre mangeoire :
- plateau abrité : pour que les graines restent sèches. Si elles sont humides, il peut se développer des champignons, moisissures, ce qui rendrait les oiseaux malades.
- petite : il est préférable de privilégier plusieurs petites mangeoires plutôt qu’une seule grande mangeoire. Une petite mangeoire permet de renouveler régulièrement la nourriture ( = meilleure hygiène) et d’éviter une trop grande concentration d’oiseaux.
- sur pied si jardin
Bien l'installer :
- endroit dégagé : pour cela la mangeoire sur pied est idéale. L’installation dans un endroit dégagé permet d’éviter la prédation car il n’y a pas de possibilité pour le prédateur de se dissimuler. Les oiseaux peuvent voir arriver le prédateur au loin. Eperviers et chats apprécient particulièrement ces rassemblements d’oiseaux.
- à l’abri des intempéries
- en hauteur
- pas trop proche des vitres et des murs afin d’éviter les chocs, les projections et salissures
Vous voulez construire vous-même votre mangeoire ? Utilisez du bois imputrescible mais pas traité ou seulement avec de l’huile de lin naturelle. Type de bois : mélèze, chêne, pin.
Retrouvez nos mangeoires LPO en vente sur la boutique LPO.
Une fois la mangeoire prête, il ne vous reste plus qu’à profiter des allers-retours des oiseaux, de leur envol, les interactions entre les différentes espèces… Ce spectacle est passionnant !
Toutefois, restez vigilant : si vous avez commencé le nourrissage, n’arrêtez pas d’un seul coup, surtout en période de grand froid. Les oiseaux se seront habitués à avoir de la nourriture chez vous et risqueront d’être en difficulté pour en trouver par leurs propres moyens.
Surveillez également de temps à autre les oiseaux qui visitent votre mangeoire : si l’un d’eux vous paraît malade, videz et nettoyez la mangeoire à l’aide de savon noir pour la désinfecter sans produits chimiques.
À l’approche des jours plus chauds, lorsque le printemps commencera à faire son apparition, arrêtez progressivement de remplir votre mangeoire. Cela évitera la propagation de certaines maladies, au moment où les oiseaux peuvent trouver la nourriture par eux-mêmes.
1- Mangeoires de type " plateau" avec graines, graisses et nourriture diverses. 2- Mangeoires couvertes 3- Mangeoires à trémies pouvant contenir chacune des graines différentes 4- Pain de graisse et de graines 5- Pommes ou poires blètes 6- Abreuvoir Source : Nichoirs.net |
Nettoyage
A la fin de l’hiver, nettoyez, désinfectez et rangez la mangeoire. Vous pouvez les repeindre ou les traiter pour éviter les maladies et ainsi d’éventuelles épizooties. Préférez des produits simples (eau, vinaigre) et respectueux de l’environnement.
Même en hiver, pensez à nettoyer régulièrement les mangeoires et les abreuvoirs pour en améliorer l’hygiène, éliminer les fientes et les restes de nourriture, en favorisant les désinfectants naturels (huile d'arbre à thé, vinaigre…) ! La grande affluence aux mangeoires augmente le risque de transmissions de maladies.
Quand, comment et pourquoi arrêter le nourrissage ?
Quand ? Dès que le printemps s'installe, les oiseaux commencent à établir leur territoire et débutent la construction de leur nid ou recherchent la cavité où ils pondront leurs œufs. S'il est alors tentant de les attirer aux mangeoires pour mieux les observer, la mise à disposition de nourriture n'est plus nécessaire, la nature fournissant suffisamment d'aliments "de saison" à l’avifaune, y compris dans les villes. Continuer de nourrir les oiseaux peut même devenir contre-productif et leur nuire.
Comment ? Progressivement durant 7 à 10 jours.
Pourquoi ? Cet arrêt est important car les lipides des graines ou des boules ne graisse ne sont pas adaptés aux futurs poussins qui doivent être nourris exclusivement de protéines, et de nombreuses espèces deviennent ainsi insectivores. D’autre part, la dépendance à un lieu précis de nourrissage doit cesser pour inciter les oiseaux à chercher par eux-mêmes la nourriture la plus adéquate à leur biologie. En revanche, l'apport d'eau est utile tout au long de l'année.
Un nourrissage permanent peut avoir des conséquences néfastes et mettre en danger certaines populations d’oiseaux :
- Risques de transmission de maladies : en période chaude où la prédominance des maladies est plus forte qu’en hiver, le rassemblement d’individus de différentes espèces autour des points de nourrissage peut favoriser la propagation de plusieurs infections telles que la salmonellose, qui affecte notamment les verdiers et les pinsons.
- Un effet sur les taux de prédation : la concentration engendrée par le nourrissage peut faire augmenter les taux de prédation par des animaux sauvages (épervier d’Europe) ou domestiques (chats). Dans tous les cas, il est toujours bon d’appliquer quelques règles de précaution comme disposer les mangeoires dans des endroits dégagés, avec un accès facile à des perchoirs en hauteur, pour éviter la prédation par les chats.
- Perturbations physiologiques : plusieurs études ont démontré que des couples ayant accès à plus de nourriture pondaient plus tôt. La demande énergétique des poussins est ainsi décalée par rapport au pic de disponibilité alimentaire, ce qui peut entraîner une surmortalité juvénile. De plus, beaucoup de jeunes oiseaux deviennent insectivores au cours du printemps et un nourrissage prolongé peut perturber leurs habitudes alimentaires alors qu’ils doivent justement apprendre à se nourrir par eux-mêmes en capturant des insectes.
- Altération de la composition de la communauté aviaire : toutes les espèces ne bénéficient pas équitablement du nourrissage, que ce soit en hiver ou en période de reproduction. Si la mise à disposition de suppléments alimentaires est susceptible d’augmenter les densités de quelques espèces, il est aussi possible qu’elle réduise en parallèle, à travers un processus de compétition, les densités d’autres espèces.
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