Le Balbuzard pêcheur reste un rapace nicheur rare avec seulement une quarantaine de couples recensés en France continentale. Le noyau principal se trouve en région Centre – Val de Loire, près d’Orléans, où le premier couple reproducteur s’est installé en 1984 (près de 80 ans après la dernière preuve de reproduction en France continentale). Depuis, de nouveaux foyers sont occupés et l’espèce tend à élargir son aire de reproduction.
Son installation était attendue depuis longtemps dans le val d’Allier, et notamment dans le secteur classé en Réserve Naturelle, axe migratoire important pour l’espèce au niveau du bassin de la Loire. Bien que suspectée (en 2007 par exemple), sa reproduction n’avait pour l’instant jamais été prouvée.
Depuis 2016, un couple essayait de s’installer dans le secteur « cœur » de la RNVA. Les 2 premières années se sont traduites par la construction d’un nid rudimentaire et partiellement dégradé par les tempêtes de juin 2017. De retour dès le mois de mars 2018, le couple a entamé la construction d’un nid beaucoup plus volumineux et a entamé la couvaison à la fin avril dernier. L’emplacement de l’aire répond aux exigences classiquement notées : site élevé, offrant un large champ visuel et à proximité des lieux de pêche.
Au regard de l’enjeu important (1er couple en Auvergne Rhône Alpes) et de l’enthousiasme généré par cette espèce, l’équipe de la RNVA et la LPO Auvergne ont décidé de se mobiliser. Ainsi, tout au long de la saison de reproduction (mars à août), du personnel (dont la garderie ONF) se sont relayés afin de suivre précisément l’avancée de la reproduction et surtout de s’assurer du respect du périmètre de quiétude. Il a aussi eu pour mission de sensibiliser l’ensemble des usagers du val d’Allier (naturalistes, photographes animaliers, canoéistes, pêcheurs…) à la fragilité de cette espèce, particulièrement sensible au dérangement. En effet, des perturbations à proximité du nid (moins de 300 mètres) risquaient de compromettre la reproduction et entraîner l’abandon du site. Une signalétique spécifique a été apposée sur les 2 points d’accès menant au nid et le périmètre de quiétude matérialisé.
L’aire, visible de très loin, se prêtait à de superbes observations tout en restant à une distance raisonnable.
Ce sont finalement deux poussins de Balbuzard qui ont vu le jour et dont les parents se sont occupés jusqu'à leur départ en fin d'été... Ce bilan très positif montre l’efficacité du dispositif mis en place et n’aurait pas été possible sans l’implication des bénévoles de la LPO Auvergne et de l’ensemble des partenaires, élus et usagers locaux.